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Voici quelques petits contes que j'ai écrits ! Et quelques poèmes que j'aime...
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CHANTAL



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jeudi 26 septembre 2013

C’est MAGIQUE ? Voilà un petit conte farfelu… Un soir je me suis aperçu que lorsque je me regardais dans le miroir du salon il y avait une sorte de lueur au-dessus de ma tête ! Je n’y avais pas prêté attention jusqu’au jour de l’an, où je vis cette lueur plus grosse et scintillante. Je n’avais pas encore bu de champagne et je n’étais pas droguée…Je regardais intensément le miroir et la petite lumière et j’entendis ceci : - Oui, tu me vois au-dessus de tes cheveux et je te parle…Je suis une sorte de génie bienfaisant et je peux t’accorder un vœu chaque année au jour de l’an. Tu ne me crois pas ? - Je balbutie : si, si… - Alors, réfléchis bien, tu as exactement cinq minutes, je pars et je reviens dans CINQ minutes, pas plus. - Merci, je vais chercher. Arrivée au salon, je me dis que j’ai rêvé et que tout cela est stupide, mais, pourquoi ne pas essayer ? - J’aimerais avoir mon bac avec mention bien au moins ! - C’est enregistré, tu auras ton bac avec mention bien, je te le promets. Je n’étais pas une bonne élève, très moyenne, aimant faire du shopping, aller au cinéma, m’amuser sur l’ordinateur…Comment changer mon comportement ? J’étais heureuse ainsi. Il me restait cinq mois pour passer le bac. Au lycée, je suivais les cours sans enthousiasme. Je rêvais ou m’endormais pendant les cours. Au mois de février, je fus prise d’une envie folle d’étudier, de prendre des leçons particulières avec mon oncle professeur, de me perfectionner en langues (espagnol et anglais) et au lycée, mes copains ne me reconnaissaient plus. Je ne sortais plus le soir et ne dormais plus aux cours. Mes parents étaient ravis et trouvaient même que j’en faisais trop…Mais j’étais heureuse, je riais toujours, j’avais des notes bien au-dessus de la moyenne en tout. J’eus même un splendide cadeau de mes parents : un scooter… Quand le jour du bac arriva, je n’étais pas angoissée, je savais que j’avais bien étudié. Effectivement, j’eus mon bac et les félicitations pour mes notes fantastiques. Pour fêter cela, mes parents m’envoyèrent dans une famille anglaise à LONDRES durant six mois. Un vrai bonheur, cette ville est magnifique, les gens sont sympathiques et il y a tant de choses à voir. J’y ai même fait la connaissance d’un anglais de mon âge charmant, avec lequel j’ai fait de gros progrès en anglais ! Je ne voulais plus revenir en France, je voulais avoir un studio à LONDRES et y étudier… Je suis rentrée à PARIS pour le jour de l’an chez mes parents. Triste d’avoir laissé mon copain et mes amis, triste de ne pouvoir vivre à LONDRES. J’en voulais à tout le monde. A la soirée, avant d’aller au salon avec mes parents, je jetais un petit regard dans le miroir pour voir si ma coiffure était parfaite…J’avais oublié mon « génie » de l’année passée…Mais brusquement la lumière apparut et j’entendis : - Tu as été exhaussée ? Tu l’as eu ton bac avec mention ? - C’est vrai, mais… c’est parce que j’ai travaillé ! - Tu souhaites autre chose pour l’année prochaine ? - Pourquoi pas ? Je vais réfléchir. - Pas trop longtemps ? Cinq minutes après, je suis revenue, j’étais seule, devant mon miroir magique. - Voilà, je désire aller en Angleterre pour y étudier, j’y ai été si heureuse ces six mois… - C’est entendu, je vais essayer, à une condition, c’est que tu ne revois plus ton copain ! Juste les études ? OK ? - Ah, non, c’est impossible. - Adieu… J’étais au milieu du salon avec une coupe de champagne et ma mère m’a trouvé bizarre, absente, pas tellement joyeuse. Que pouvais-je lui dire ? Les festivités passées, je n’osais pas demander à mes parents d’aller à LONDRES étudier. Chose impensable, c’est grâce à mon oncle professeur que j’ai obtenu mon souhait. Il avait convaincu mes parents que j’aurais un avenir extraordinaire là-bas ! Il avait des amis qui pourraient me loger. Quand l’année universitaire débuta, j’étais si contente que j’avais oublié mon petit copain et je commençais ma vie d’étudiante. Je parlais très bien l’anglais, je connaissais bien LONDRES. C’est au LONDON SCHOOL OF ECONOMICS AND POLITICAL SCIENCES ou LSE dans le campus sur Houghton Street dans le Borough, près de la Cour royale de Justice que je fus inscrite par mon oncle. Il me disait qu’il y avait eu seize prix NOBEL et trente-cinq chefs d’Etat sortis de LSE ! Impressionnant…En plus, 7800 étudiants et 800 à temps partiel. L’écrivain Erik Orsenna était un ancien… Bref, il me fallait assurer comme disait Maman…Mais cela me plaisait et j’aimais apprendre, étudier, mettre la barre assez haut ! Pour me distraire, mon oncle me fit découvrir Le British Museum, la National Gallery ou l’Imperial War-Museum où j’ai vu des machines de guerre, et un aérodrome historique dans le Cambridgeshire. Pour la fin d’année, je suis revenue à PARIS voir mes parents en week-end. J’avais plein de choses à leur dire et pourtant ils venaient tous les trois mois à LONDRES… Comme l’an passé, je me regardais dans le miroir avant de passer au salon…Je me trouvais bien bête mais c’était un jeu… - Coucou, Jocelyne, alors, tu as vu que j’ai réalisé ton vœu d’aller à LONDRES pour quelques années ? - Oui, mais en réalité, c’est mon oncle qui a tout fait… - Oui, oui… - Mon troisième vœu ? tu veux le connaître ? - Rencontrer la Reine un jour…C’est possible ? - Oui, je peux le faire. Au revoir… Ce jeu m’amusait, je n’y croyais guère, mais puisque j’obtenais ce que je désirais, j’étais ravie…Il me suffisait d’y croire. Mes études étaient brillantes, je progressais, j’adorais les conférences des grands professeurs, les copains et copines de tous les pays, peu de français du reste. Je menais une belle vie tranquille, sans amoureux. Un an après, de nouveau un week-end à Paris et de nouveau le passage au miroir magique… - Jocelyne ? Tu es superbe, travailleuse, aimable et tu ne demandes rien d’impossible. Ce sera ton dernier vœu, car je dois aider d’autres personnes… - Merci miroir, j’ai compris que c’est par le travail que l’on progresse. Tu m’as ouvert les yeux. J’ai grandi…J’ai même vu la Reine au cours d’une réception pour les meilleurs élèves…Je ne veux plus rien : Juste un petit coup de pouce, pour trouver plus tard un bon mari cultivé, attentionné et riche si possible…Et beau aussi ? Merci pour tes conseils, pour m’avoir aidée tous les jours sans te montrer. Merci, je t’embrasse. - Voilà dix ans que mon aventure avec le miroir est finie…Mon génie est parti doucement, sans revenir. Je suis mariée avec un ancien élève de l’école, nous sommes tous les deux des personnages politiques importants, nous parlons quatre langues, nous voyageons beaucoup, nous espérons avoir des enfants prochainement. Je me demande si j’ai rêvé cette histoire, si j’avais besoin d’une prise de conscience pour mon avenir, mais génie ou pas, j’ai réussi ma vie et ce n’est pas fini ! Quand je serai grand-mère, je raconterai cette aventure que vous êtes seuls à connaître…Personne n’a connu l’existence de mon petit génie bienfaisant. Je connaissais Aladin et sa lampe merveilleuse…Mais, là c’était Jocelyne et son miroir magique… Conclusion : Travaillez, prenez de la peine… ------------------------------------------------------------------------------------ Chantal Leclerc (droits réservés) septembre 2013

samedi 21 septembre 2013

AU BAGNE EN 1920 PAR CHANTAL

J'ETAIS AU BAGNE EN 1920 J’ai 95 ans et suis dans une pension de famille charmante dans laquelle personne ne connait ma vie tumultueuse ! Cela vaut mieux, car on ne me regarderait pas comme un vieux monsieur sympathique… Remontons aux années 1920 : Un soir de beuverie, j’ai tué ma femme qui me trompait ouvertement. Alors, froidement, avec un couteau de cuisine je l’ai tuée... Elle est tombée devant moi et cela ne me faisait rien ! Morte sur le coup…Cela m’avait dessoulé d’ailleurs et je suis resté prostré devant ce cadavre plein de sang. Ma femme me trompait depuis si longtemps que je n’éprouvais plus rien pour elle, ni jalousie, ni haine, ni amitié, rien ! Mais là, je l’avais vue en petite tenue affriolante à travers la fenêtre du voisin ! Pour moi, elle n’avait jamais mis ce genre de sous-vêtements qui m’auraient sans doute réconcilié avec elle, qui sait ? Bref, je suis entré chez le voisin et dans un accès de colère, j’ai sorti mon couteau et le lui ai planté dans le cœur, ou le poumon, allez savoir ? Le voisin est devenu blême et a couru chez les gendarmes pour me dénoncer bien entendu. De toute façon, je comptais me rendre… Après quelques questions ils comprirent que j’étais le coupable, d’autant que je ne niais pas. Il y eut un jugement rapide et je fus condamné au bagne à Cayenne. En ce temps- là, on ne pouvait échapper à une telle condamnation sévère. Avec d’autres assassins et voleurs de poules ou braqueurs de banques, je fus conduit au Havre pour être embarqué dans un bateau sordide qui mettait trente jours pour aller dans les Caraïbes. Nous étions à fond de cale, tous serrés dans peu d’espace vomissant les uns sur les autres. Presque rien à manger ou à boire, mais des engueulades toutes les heures par le garde-chiourme de garde. Bref, c’est loin tout çà, mais je me souviens de notre arrivée à CAYENNE avec cette chaleur suffocante et humide et les moustiques le soir…On nous a conduits à Saint Laurent du Maroni dans des camions tellement vieux que le chauffeur devait s’arrêter de temps en temps pour refroidir le moteur. Nous étions tous attachés et avions un vêtement horrible à rayures délavées, et des savates en caoutchouc. Tout m’était indifférent, même la tristesse des autres, la pluie, la chaleur et engueulades. Je savais que je passerais sept ans dans ce coin perdu avec des hommes durs, cruels, qui se prenaient pour des chefs ! Je savais aussi que l’on devait faire le doublage sur place : c’est-à-dire sept ans de plus à Cayenne après la prison. Au-delà de huit ans, et doublage, il était interdit de retourner en France ! Je savais que la famille me laisserait tomber et que je ne trouverais aucun travail sur place ou en France en rentrant dans quatorze ans. Certes j’avais commis un meurtre de sang-froid, mais la peine était très lourde, loin de tout, dans un pays inhospitalier… Il n’était pas question de se faire un copain parmi les autres détenus ! C’était chacun pour soi et on se disputait pour un bout de pain rassis ou pour un bol de riz blanc souvent sale…Parfois quand on sortait (enchaînés) pour aller casser des pierres sur les routes de latérite, on arrivait à voler une banane souvent verte dans un champ ou un morceau de canne à sucre pourri. On dormait sur une planche en bois (bat-flancs) avec les pieds enchaînés, et si les moustiques ou cafards venaient nous rendre visite, on ne pouvait rien faire sinon se gratter ou crier… J’avais eu la chance d’être très grand et très fort 130 kilos, en partant de France, alors je supportais assez bien ce régime forcé. Mais j’avais toujours faim, comme les autres. Je perdais du poids chaque semaine, mais n’étais pas malade. Chaque soir il y avait des bagarres au couteau (fabriqués avec des bouts de fer), et le garde arrivait avec son fusil et essayait de mettre de l’ordre. Parfois, il nous tirait dessus ! J’ai reçu des plombs mais c’était superficiel heureusement. Tout m’était indifférent. Une fois je fus mis au cachot pour avoir engueulé le garde qui refusait de me donner à manger…Le cachot était une pièce de un mètre sur deux sans planche pour dormir, sans rien d’ailleurs, juste un vieux seau sale pour faire ses besoins. Seau que l’on devait jeter chaque semaine dans un trou proche du cachot. Inutile de vous parler de la puanteur, des bêtes, surtout des moustiques et des cafards… et de l’isolement. Le cerveau essayait de fonctionner normalement : Je faisais des exercices de mémoire pour m’occuper. Je récitais des petits poèmes appris jadis ou la table de multiplication…Parfois je pensais à des recettes de cuisine et fabriquais un bon gâteau en pensée. J’avais été pâtissier et ce métier m’avait tellement plu, que je cherchais toujours des nouvelles recettes ! Jadis, les gens se bousculaient pour venir acheter mes petites merveilles. C’est à cette époque que j’ai connu ma femme, qui était une jeune vendeuse. Bref, très vite, je vis qu’elle avait épousé le patron pour son argent et sa situation, mais qu’elle se moquait éperdument de moi. Elle était si jolie et si drôle que je lui passais tous ses caprices. Elle voulait toujours plus d’argent de poche, toujours plus de robes, ou de meubles. Elle faisait de moi ce qu’elle voulait. Quand elle était gentille et amoureuse, je la couvrais de cadeaux. Cela dura cinq ans et je découvris un soir, qu’elle me trompait depuis toujours avec notre voisin, son ancien copain. Ce soir-là, elle nia tout en bloc, et me dit que le voisin était un ami, c’est tout ! Je décidais de l’espionner et c’est alors que je la vis dans les bras du gars à travers la fenêtre : Ils ne se cachaient même plus : J’étais le cocu parfait… Je pris une bouteille de cognac et après plusieurs rasades, je sorti : C’est alors que je décidais de la tuer… Donc, j’ai fait sept ans de bagne dans des conditions terribles et j’ai perdu quarante kilos, mais n’ai pas eu de vraies maladies, à part des blessures, jamais soignées, des coups de déprime, des bagarres, des envies de fuir, chose impossible du reste. Je n’ai jamais pu m’exprimer aimablement avec quelqu’un, aucun prisonnier ne montrait une amitié ! On se détestait… A la fin de ma peine, on me mit dehors, je partis vers Cayenne, en camion, avec un baluchon de linge sale et un vieux chapeau de paille…Nous étions trois à sortir de cet enfer. Mais on ne communiquait pas. Que faire ? Où aller ? Sans argent, sans famille, sans soutien moral… Comme les autres, je me mis devant l’entrée du vieux marché et demandais l’aumône ou quelques fruits abimés, ou une banane. Les femmes noires avec leur accent créole, me méprisaient et passaient devant moi en se pinçant le nez. Certaines, très vieilles, me donnaient un bol de riz qu’elles déposaient devant moi par terre. C’était leur bonne action de la journée sans doute ? Je dormais à la belle étoile. Je cherchais à me faire embaucher…Qui sait ? Bien entendu personne ne voulait me donner du travail et d’ailleurs je n’étais pas présentable. Je commençais à désespérer quand j’eu l’idée d’aller chez un curé (un reste de mon enfance catholique) pour lui demander de l’aide. Un vieux père jésuite me reçut aimablement et me fit partager son repas : une queue de caïman sauce créole ! Un vrai délice. Sa petite bonne noire, au sourire radieux, me dit bonjour et m’apporta des bananes cuites avec un peu de rhum…Je faillis pleurer de joie, et je commençais à revivre. Le curé m’offrit un lit de camp et un drap et alla se coucher. Dans la nuit je fis des rêves agréables pour une fois. Allais-je retrouver la liberté ? Le curé me dit d’aller voir les religieuses de Cluny non loin de chez lui. Elles cherchaient un homme à tout faire : jardinage, bricolage, cuisine ou courses aussi… Je fus reçu comme un « monsieur » chez les religieuses. Elles avaient été prévenues par le curé et connaissaient mon passé. Le curé m’avait donné un short, une chemisette et des sandales et après plusieurs douches, je me sentais presque bien. La supérieure (appelée MERE AGNES) me dit immédiatement : Je connais votre passé, vos souffrances au bagne et votre solitude, sans famille, sans argent. Ici, Nous ne parlerons JAMAIS de tout cela ? C’est compris ? JAMAIS… Vous êtes un homme qui travaille et qui gagne sa vie. Mais je ne peux vous donner qu’un petit salaire, nourri et logé. Vous devrez vous conformer à nos habitudes, à notre vie religieuse, et être irréprochable sur le plan moral ! La gendarmerie viendra de temps en temps vous contrôler. Au revoir Monsieur ! -------------------------------------------------------------------------- Je commençais à croire en DIEU ! On m’appelait Monsieur et on me payait, on me logeait et on me nourrissait… Je faisais un peu tout chez les Religieuses : le jardin des fleurs, le potager, les courses, le bricolage et surtout (depuis qu’elles connaissaient mon passé de boulanger-pâtissier) elles me réclamaient des pains ou des gâteaux les jours de kermesses et petites fêtes d’enfants. J’étais heureux et la France ne me manquait pas du tout. Côté femmes ? Bref, j’étais loin de penser à elles… Je n’étais guère beau, les mains abimées, le teint brûlé, mal habillé. Les blancs, les créoles, les béqués, nous détestaient, nous les anciens bagnards, cela se comprend ! Quelle femme pourrait aimer un homme comme moi ? Donc je n’y pensais pas. Pourtant je les regardais ces jolies petites noires au sourire charmeur avec leurs boucles d’oreilles en or. Lors des fêtes nationales, ou les grandes fêtes religieuses, certaines revêtaient le costume local superbe avec leurs bijoux en or… Elles dansaient la biguine d’une manière charmante et avaient toujours le sourire. A présent les gens ignoraient que j’étais un ancien bagnard. Chez les religieuses, j’avais fait la connaissance d’une religieuse de mon âge, de la même région que moi, la CREUSE, et nous échangions des souvenirs ou des recettes. Certaines religieuses étaient de jeunes noires ou métisses, très dévouées, superbes dans leur costume bleu nuit, en laine, comme en France. Elles devaient crever de chaleur ! Parfois le curé leur rendait visite, j’étais chargé de faire la cuisine, avec des produits locaux : iguane, morue, poisson du pays, langoustes, crabes, fruit à pin, patates douces, pommes cannelle, bananes plantain, produits qui à cette époque étaient très bon marché. Mon logement de jardinier était confortable : une pièce spacieuse au fond du jardin des religieuses, avec une douche et W.C. C’est ainsi que je suis resté encore sept ans à Cayenne, plutôt heureux et payé. Je m’étais même marié avec une jolie métisse de mon âge (50 ans) et nous étions au service des religieuses. Elle avait été élevée par elles et savait broder, coudre, cuisiner et parlait sans accent. Les religieuses étaient des enseignantes, j’avais oublié de le dire. Je voyais arriver les écolières avec des fleurs pour la maitresse. Elles me faisaient toujours un petit signe de loin pendant que j’arrosais. Je n’avais pas eu d’enfants, je les regardais avec tendresse. Je suis donc resté jusqu’à ma retraite chez les religieuses et même après, avec ma femme, nous avons habité plus loin, mais nous continuions à les aider. J’étais vieux, fatigué, cardiaque, ma femme prenait soin de moi. Mais c’est elle qui partit la première : elle se baignait à la plage de BOURDA quand elle fut attaquée par un requin : on retrouva son corps sans jambes… Je fus inconsolable. Ma doudou (comme on dit là-bas) était une perle, rieuse, dansant si bien, me cajolant toujours, m’apprenant le créole, préparant le petit punch comme personne ! Je suis tombé très malade et les religieuses m’ont alors envoyé en France dans une pension de famille près de NICE. J’avais un peu d’argent de côté, je me trouvais dépaysé loin de chez moi, en Guyane ! J’ai fait des connaissances dans cette pension, même de martiniquais connaissant la Guyane. Personne n’était au courant de mon passé de bagnard. J’avais tourné la page de ma vie de jadis…Je vivais le temps présent en remerciant chaque jour mes religieuses et ma femme décédée trop tôt… J’ai beaucoup souffert, j’ai tué, j’ai payé ma dette, j’ai travaillé, j’ai aimé, j’ai été aimé aussi, je reviens de très loin… Beaucoup de gens se plaignent, que devrais-je dire ? C’est Monnerville qui a arrêté le bagne en 1946 et les derniers bagnards sont rentrés en France en 1953. Là-bas j’étais un numéro, sans nom, et ensuite grâce aux religieuses, on m’appelait Monsieur Huet, comme jadis… Voilà, vous connaissez mon histoire… ____________________________________________ Cette histoire est en partie vraie. J’ai connu un ancien bagnard qui avait eu à peu près ce parcours.. -------------------------------------------------------------------------- Chantal LECLERC (droits réservés) Septembre 2013 à NICE

jeudi 13 juin 2013

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samedi 8 juin 2013

Veuillez excuser mes fautes de frappe ou autres, je tape trop vite...Merci...

MELI-MELO PETITE NOUVELLE AMUSANTE

MELI MELO


Je me souviens d’un couple qui avait éveillé ma curiosité il y a quelques mois !
Il s’agit d’une jolie femme de cinquante ans, très élégante, divorcée depuis des mois, avec deux filles de vingt et vingt-deux ans.
Dans une soirée, elle rencontra un homme distingué, cultivé, célibataire, qui vint lui parler de cinéma…Elle adorait le cinéma et connaissait tous les films de Lautner, de Costa Gravas, de Pagnol, de René Clément, Tarantino, Luc Besson, Truffaut, Lelouch, etc…Tous deux évoquaient des scènes de films qui les avaient marqués jadis. Ils étaient en harmonie sur toutes sortes de sujets : la musique classique, Charles Trenet, Charles Aznavour, La Callas ou Pavarotti, ils adoraient le théâtre, la danse, bref, ils avaient plein de points communs.
Quelques jours plus tard, ils se retrouvèrent à un concert où un pianiste jouait entre autres morceaux,  la « sonate au clair de lune » de Beethoven…Un régal, et le pianiste fut tellement applaudi qu’il joua une partie de la cinquième symphonie, au grand plaisir de la foule.
Stéphanie, la cinquantaine élégante, Bruno, le jeune célibataire cultivé ne se quittaient plus…Ils allaient au concert, au théâtre ou au restaurant heureux d’être ensemble. Les amis de l’un et de l’autre s’étonnaient de la grande différence d’âge entre eux…Se serait-on étonné si c’était l’homme le plus âgé ?
Et oui, elle avait cinquante ans et lui trente-cinq…Quinze ans d’écart qui ne se voyait pas du tout du reste ! Car notre Bruno avait une légère calvitie avec tempes grisonnantes. Quant à elle, grâce au champoing colorant et à un maquillage léger, elle semblait très jeune encore.
Après quelques mois de vie commune, tous deux décidèrent de se marier simplement ! Bien entendu, Stéphanie ne s’habilla pas d’une grande robe blanche à traîne et crinoline, comme une princesse…Elle était simplement en tailleur beige et lui en complet gris clair. Ils étaient splendides et rayonnaient de bonheur.
Les deux filles de Stéphanie qui, au début, avaient critiqué cette « liaison » qui leur semblait anormale, adoraient leur mère et son compagnon. Elles avaient même poussé leur mère à se remarier, la voyant si bien avec Bruno.
L’ancien mari de Stéphanie avait lancé des piques sur ce mariage alors que, lui, avait refait sa vie avec une jeune de vingt-cinq ans…Mais personne ne l’avait critiqué !
Donc, au mariage, il y avait des jeunes de l’âge des filles et des gens de l’âge de Stéphanie qui approuvaient ce mariage hors-normes.
Il y eut des quiproquos lors de la soirée…Certains cousins lointains demandant où était le marié et le prenant pour le fiancé d’une des filles ! Mais tout cela amusait beaucoup Stéphanie et Bruno.
Des mois plus tard, une des deux filles de Stéphanie, Christine, eut une petite fille et l’ex-mari de Stéphanie eut également une fille de sa femme de vingt-sept ans maintenant. Elles accouchèrent en même temps à la même clinique.
Les visites à la clinique étaient assez comiques : Stéphanie, grand’mère, et sa fille qui avait une demi-sœur bébé…Bruno, toujours de bonne humeur, trouvait ces situations amusantes et dignes d’une pièce de théâtre.
Quelques années plus tard, Bruno obtint un poste de conférencier à Londres et Stéphanie le suivit et ouvrit une librairie avec une jeune anglaise. C’était la belle vie dans une ville pleine de charme, pas trop loin de la France. Tous les deux revenaient tous les ans pour revoir la famille.
Ne croyez pas que Bruno se détacha de Stéphanie pour aller vers une jeune anglaise…Ne croyez pas que Stéphanie était jalouse…Ne croyez pas que Stéphanie était « vieille », elle s’était remise au yoga et à la danse du ventre et Bruno était admiratif et amoureux.
Lui-même, faisait du Karaté, quand il ne préparait pas ses conférences avec sa femme. C’était l’harmonie totale entre eux !
Par contre, l’ex-mari, avait « perdu » sa femme qui lui avait préféré un jeune de son âge. Il était en instance de divorce et déprimait…Tous deux se battaient pour leur enfant…L’autre fille, elle, avait « une » amie et vivait heureuse en couple…Quelle famille dites-vous ! Mais ce n’est pas tout…
En effet, après le divorce, l’ex-mari, qui déprimait dut entrer dans une maison de soins psychiatriques, car il était suicidaire…Il y resta quelques semaines et fut très bien soigné. Grâce aux bons soins de son docteur, il retrouva vite le moral et la santé. Il retournait souvent voir son médecin, jeune et beau et vous l’avez compris, il tomba « amoureux » de lui…Et oui, cela arrive, le démon de midi, même avec un homme ! Il avait changé de vie, se découvrait l’homme fort et protecteur. Son jeune docteur semblait ravi et la famille de part et d’autre acceptait cette modernité. Bref, une famille heureuse, des écarts d’âge importants, une vie sexuelle différente, des sœurs et demi-sœurs très jeunes, une grand’mère encore jeune, mariée à un homme plus jeune, une lesbienne, un « gay », mais c’est NORMAL ? Nous vivons en 2013, pas en 1900…


Mais au fond cela existait, mais on n’en parlait pas !!!

CHANTAL LECLERC 
Droits réservés



                                       

lundi 3 juin 2013

C'EST GRAVE DE MENTIR
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PAR CHANTAL LECLERC.....DROITS RESERVES..........

Voici une histoire vraie que l'on m'a racontée récemment :

Il s'agit d'une famille qui vivait dans une grande ville du sud de la France. Tout se passait bien, le père et la mère travaillaient dans la même entreprise depuis des années. Ils avaient deux filles qui avaient à présent treize ans et vingt ans.
Un après-midi, la fille de treize ans, Christine, arriva assez tard à la maison et dit qu'elle comptait sortir le soir avec son copain ! Son père lui dit qu'il n'en était pas question et qu'elle resterait à réviser son travail du lendemain...Furieuse, elle claqua la porte et sortit dans le jardin. Son père la suivit et lui dit de revenir immédiatement, alors Christine se rapprocha et traita son père de "sale facho" ! Médusé et meurtri, il lui donna une gifle...Alors, elle ouvrit le portail du jardin et sortit en criant et en courant....
Le père, Jean-Pierre, eut beau la rappeler, elle ne se retourna pas et couru encore plus vite...Il se dit que la jeunesse actuelle était bien difficile à comprendre, mais que tout cela allait s'arranger le soir. Il s'en voulait de l'avoir giflée, mais cette injure qu'elle lui avait lancée, l'avait vraiment blessé et il n'avait pu se retenir de la corriger pour ce langage excessif...Maintenant il regrettait son geste stupide, mais il se disait que le soir il aurait une explication avec Christine.
Tandis que Jean-Pierre restait dans le jardin à attendre sa fille, il vit le voisin au balcon qui scrutait avec ses jumelles les allées et venus de tout le quartier ! Il lui fit un signe de la main, gentiment.
Pendant ce temps, Christine, furieuse, ruminait et décida d'aller au commissariat du coin pour se plaindre de son père qui la battait...Ainsi il serait convoqué, pensait-elle et "payerait" pour la gifle qu'elle venait de recevoir. Elle était hors d'elle, ne pouvant sortir avec son copain, son père agissait comme un "vieux", il devait payer pour son absence de compréhension, sa dureté, sa violence, elle était folle de rage !
Au commissariat, une jeune femme prit sa déposition, puis on lui posa plusieurs questions sur son père :
Vous a-t-il souvent battue ? Manqué de respect ? Touchée? Gestes déplacés ?

Alors, une idée commença à germer dans le cerveau de Christine et elle dit:
Oui, il m'a giflée car je ne voulais pas qu'il me touche...les seins...
Aviez vous déjà subi des avances, des attouchements ?
Oui, il a souvent essayé de me prendre dans ses bras en se serrant contre moi...Je lui en veux et il m'a giflée, alors je suis venue chez vous, car j'ai peur de lui...

Bien, restez ici, on appelle votre père pour une explication.
Christine était ravie de sa vengeance et attendait dans le bureau de la secrétaire l'arrivée de son père.
Il arriva quelques minutes plus tard, il était calme et étonné...
Monsieur RIGAUD, savez vous pourquoi vous êtes convoqué ?
Oui, je pense que ma fille a peut être eu un problème car elle est partie de chez nous furieuse après m'avoir lancé un gros mot !
Ce n'est pas du tout la version de votre fille, elle vous accuse d'avoir voulu abuser d'elle et cela à maintes reprises, car vous vouliez lui....toucher les seins...Tout à l'heure ! Comme elle se refusait, vous l'avez giflée...Elle est venue se réfugier ici...
Monsieur RIGAUD abasourdi, écoutait le commissaire en se disant qu'il vivait un moment de folie qui se dissiperait en présence de sa fille. Furieuse, elle racontait n'importe quoi, c'était évident, il allait s'excuser pour la petite gifle et elle viendrait l'embrasser en pleurant...
On fit venir Christine dans le bureau du commissaire, elle prit soin de ne pas regarder son père et écarta la chaise pour ne pas être trop près de lui...

Christine, ma chérie, je regrette de t'avoir grondée, mais n'invente pas des sottises de ce genre !!!
Monsieur RIGAUD, laissez moi poser les questions à votre fille.
Christine, maintenez vous les accusations que vous avez faites il y a un instant ?
Oui, monsieur, c'est vrai...
CHRISTINE, tu divagues ?Tu sais très bien que tout est FAUX, je t'aime, j'aime ta soeur et je ne t'ai JAMAIS manqué de respect...Tu le sais ?

Monsieur RIGAUD, ne vous adressez pas à la victime !

Mais quelle victime ? On est en plein délire...Appelez ma femme et mon autre fille !

Nous allons le faire en effet.

Jean-Pierre était accablé, sa fille fuyait son regard. Elle fut conduite dans le bureau de la secrétaire. Elle était butée et avait l'air mauvais. Lui, vivait un vrai cauchemar...
On le conduisit dans un box fermé à clé où un clochard cuvait son vin. Il se mit à pleurer alors que cela ne lui était jamais arrivé. Tout allait se terminer ce soir sans doute ?
Il se demandait si sa femme était prévenue ! 
Le commissaire téléphona à sa femme pour qu'elle vienne immédiatement. Il fit ramener Christine chez elle...
Ne comprenant rien, la femme de Jean-Pierre arriva avec sa fille aînée au commissariat.
C'est alors, qu'elle apprit que sa fille Christine accusait son père d'être un "pervers" !
Le ciel allait lui tomber sur la tête ! C'était une mauvaise farce...Un délire de gamine qui avait vu trop de films et ce mot ne lui ressemblait pas...

Madame, vous savez très bien qu'un père peut avoir une telle autorité sur ses enfants qu'il peut leur imposer des choses, par peur ils subissent, acceptent, honteux, jusqu'au jour où ils viennent témoigner ici.. Je reçois tous les jours des plaintes de jeunes (ou de femmes) qui sont battus ou qui sont les jouets sexuels du père (ou du mari)...

Mais, monsieur le Commissaire, tout cela est ridicule, Christine adore son père, même si parfois elle est rebelle, impulsive, elle est charmante. Là, je ne comprends pas...
Relâchez mon mari, je peux vous certifier qu'il est droit et incapable d'une chose pareille, n'est-ce pas Mireille ?
Mais oui Maman, c'est faux, c'est un mensonge de Christine car Papa lui a refusé de sortir ce soir...
Mesdames, votre fille donne des précisions sur les gestes et dit que cela durait depuis longtemps !
Qui croire ?
Pourrions-nous être tous confrontés, monsieur le commissaire ? Vous verrez que Christine a menti...
Oui, j'y compte bien et demain vous serez convoqués, mais votre mari passera la nuit ici au poste en attendant la vérité...
Mais c'est affreux, mon mari est cardiaque et cela n'arrangera pas sa tension...Il a des médicaments à prendre...
Ne craignez rien, un médecin passera et nous le mettrons dans un autre box propre.


C'est en pleurant que Mireille et sa mère rentrèrent à la maison. Christine était ressortie...Ni l'une, ni l'autre ne purent parler ou manger...Elles étaient abasourdies et attendaient le retour de Christine pour comprendre.
Christine rentra tard et après un "bonsoir"rapide elle s'enferma dans sa chambre.
Mireille et sa mère, stupéfaites la suivirent immédiatement. Aucune réponse mais une musique à fond et un cri : Laissez moi !
Pauvre Mireille, elle voulait aider sa soeur et lui demander pourquoi elle accablait son père, pourquoi elle mentait sur un sujet très grave. Comprenait-elle les conséquences de son accusation? 
Pouvait-elle se rétracter ? Voulait-elle demander pardon à son père ?
La nuit fut terrible pour toutes les trois. Chacune revivait ces dernières heures passées au commissariat. Quand le jour se leva, Mireille et sa mère qui avaient passé la nuit sur un fauteuil se regardèrent et fondirent en larmes en s'embrassant.
Vers huit heures, Christine sortit de sa chambre et embrassa sa mère et sa soeur comme si rien ne s'était passé la veille !

Christine, qu'est-ce qui t'arrive ? Te rends-tu compte de ce que tu as fait ? Tu accuses Papa de choses impensables, ignobles, fausses !
Mireille, laisse-moi, je sais ce que je fais et Papa n'est pas vraiment gentil avec moi...
Christine, je suis ta maman et je peux comprendre la peine que tu as, n'ayant pu sortir avec ton petit copain. De plus ton père t'a giflée...Mais, n'invente pas des horreurs qui vont avoir des conséquences énormes.
Je n'invente RIEN, je ne veux plus le voir...
La-dessus, Christine retourna dans sa chambre, s'enferma en remettant sa musique à fond...
Mireille et sa mère se regardèrent et se remirent à pleurer.

Dis-moi, Maman, tu ne crois pas un mot de ce que dit Christine ? Dis-moi que Papa n'a pas pu faire une chose pareille ? Je commence à me demander si elle ment ou si elle dit la vérité...Pourtant, je ne peux croire à ces mensonges d'une gamine furieuse qui veut PUNIR son père, sans penser aux conséquences, n'est-ce pas ?
Je vais essayer de lui parler...

Bien sûr, Mireille, ce sont des mensonges, mais elle a signé des accusations terribles. I l y aura une enquête de voisinage, des questions ici et là, des ragots, et peut-être une perquisition, qui 
sait ? Nous serons trainés dans la boue à cause de ta soeur qui est sans doute malheureuse et ne peut revenir en arrière ! Elle est butée, furieuse, et veut se venger. Elle n'est pas encore consciente du mal qu'elle fait...Elle ne réalise pas l'ampleur de ce drame que nous vivons. Parle-lui. Essaie de la convaincre d'aller retirer sa plainte et de s'excuser auprès du commissaire et de son père aussi ! Trouve les mots pour qu'elle redevienne la petite fille si gentille qu'elle est.
Je te fais confiance...

Mireille appela sa soeur doucement et lui demanda d'ouvrir sa porte et de la laisser entrer. Mais la musique à fond ne s'arrêta pas. La porte était toujours fermée à clé...
Christine, ouvre-moi, je t'en prie, nous allons parler...
Christine finit par ouvrir et tomba dans les bras de sa soeur, inanimée...Elle tenait dans sa main, un tube vide d'un somnifère...
Maman, viens vite, Christine a un malaise...Appelle les pompiers...
Quelques instants plus tard, le SAMU se chargea de l'emmener pour la soigner. Mireille prétendit que sa soeur avait des peines de coeur et était déprimée. Elle apprit plus tard que ce n'était pas grave, la dose n'étant pas mortelle, heureusement.
Maman, il ne manquait plus que çà ! Décidément, Christine est immature, je vais m'occuper d'elle.
Vas au commissariat, tu expliqueras ce qui s'est passé !

Au commissariat, la maman ne put voir son mari et de plus, le commissaire mettait en doute ce qu'elle disait.
Madame, vous me dites que Christine a eu des remords et qu'elle a voulu se suicider, mais moi, je peux penser qu'elle a peur que son père recommence, alors elle a voulu en finir pour ne plus subir ses assauts. Votre fille n'a encore rien dit sur son geste.
Monsieur, je sais, je la connais, elle n'est pas méchante, mais butée et ne sait comment se rétracter...Vous verrez, elle reviendra vous expliquer tout. Puis-je voir mon mari ?
C'est interdit, mais je vous y autorise....

Jean-Pierre ne put s'empêcher de pleurer en voyant sa femme, il n'était pas rasé, il était fatigué, hagard. Il lui demanda des nouvelles de ses filles.
Quand il apprit la tentative de suicide de Christine, il fut navré et s'en voulait encore plus de l'avoir giflée, car toute cette histoire venait de là !
Le commissaire le fit sortir et il put rentrer chez lui. Mais l'affaire n'était pas terminée pour autant.
Quelques jours plus tard, Christine rentra, pâle, fatiguée et presque muette. Elle déprimait, ne voulait plus manger, plus parler, plus voir sa famille...
Très vite, les voisins avaient appris la tentative de suicide de Christine et l'arrestation de Jean-Pierre. Les gens se retournaient sur Jean-Pierre en murmurant et ne le saluaient plus. La vie était difficile au bureau, les gens du quartier avaient répandu des ragots affreux.

Christine finit par se remettre grâce à sa soeur qui l'avait entourée et l'avait confessée...
Elle avoua que pour se venger, alle avait inventé cette histoire et qu'elle n'avait pas pu revenir en arrière. Pas un instant, elle n'avait imaginé la souffrance de son père. Elle ne pensait pas qu'une enquête serait faite ! Pas un instant, elle n'avait imaginé que les voisins seraient au courant. Maintenant, elle avait honte, elle ne voulait plus se montrer et ne savait comment faire avec ses amis et sa famille.

Très vite, le commissaire avait compris que toute cette histoire était ridicule. Il avait mené son enquête, interrogé de nouveau Christine qui se contredisait, pleurait et demandait pardon à tout le monde...Le dossier fut vite bouclé...

Mais c'est avec son père que Christine eut le plus de mal à parler.
Certes, il lui avait dit qu'il regrettait son geste, qu'il comprenait cette attitude de vengeance, qu'il tâcherait d'oublier son séjour de deux nuits au commissariat. Mais il ne pouvait plus embrasser tendrement sa fille et devenait distant avec elle. Il repensait à ses accusations.
Deux semaines plus tard, il tomba gravement malade et mourut au cours d'une opération du coeur.

Mireille, Christine et leur mère furent inconsolables. Elles avaient beau se dire que Jean-Pierre était surmené, stressé, par son travail que son coeur avait souffert, mais elles pensaient que sa mort étaient due à ces accusations mensongères de jadis...

Christine retomba dans la mélancolie, la dépression et un jour se jeta sous le métro...

Mireille et sa mère finirent leurs jours recluses, ne parlant à personne, ne sortant que pour le travail et les courses. Les voisins avaient pourtant oublié et même assayé de renouer les relations en comprenant ce qui s'était passé. Mais la vie était finie pour toutes les deux, elles se soutenaient, se comprenaient, leur chagrin était immense...
Un jour, peut-être, la vie serait plus belle ?

Toute une vie gâchée pour une petite gifle, pour une vengeance de gamine butée et menteuse.

CHANTAL LECLERC 2013 A NICE






jeudi 12 avril 2012

Un curé à la campagne jadis....

CURE A LA RETRAITE… J’ai bientôt soixante dix ans et je regarde mon existence en me disant que j’ai vécu plusieurs vies finalement. En effet, un prêtre peut remplacer un psychologue ou un enseignant, parfois il convertit des mécréants, parfois il éloigne les jeunes prêtres qui se disent que la chasteté est insupportable…Parfois, il remet un jeune sur le bon chemin…Bref, j’en ai vu des cas depuis cinquante ans ! Voilà quelques uns de mes souvenirs amusants ou pas : Quand j’étais à la campagne, il y a longtemps, j’ai vu arriver au confessionnal une petite vieille habillée de noir, avec une mantille noire sur les cheveux, parlant si bas que je lui dis que j’étais sourd. Cette brave vieille venait confesser des péchés qu’elle croyait très graves, elle n’en dormait plus. - Mon père, je m’accuse d’avoir mangé de la viande ce vendredi me croyant jeudi…De plus j’ai mangé deux gâteaux alors que je suis diabétique. Je suis gourmande, mon père ! Alors j’ai récité dix « ave maria » et dix « notre père » ! - Mais ce n’est pas grave, allez en paix, vous avez déjà fait vos prières. L’essentiel est de faire le bien autour de soi. A peine partie, je vois un jeune de douze ans qui se met à genoux, fait le signe de croix et me dit : - Pardonnez-moi car j’ai péché. Il se met à pleurer timidement, honteux. - Parle, mon petit, je suis là pour t’aider quoique tu aies fait. - J’ai volé ma mère qui m’avait donné l’argent des courses. Je lui ai dit que le sucre avait augmenté ainsi que le vin. J’ai donc pu garder quelques pièces pour me payer des billes. Elle va s’en rendre compte, la prochaine fois chez le commerçant. J’ai honte et je n’ose pas lui dire, elle me battrait. - Mais non, ta mère est gentille, je la connais bien, dis lui que tu regrettes et que pour te faire pardonner, tu feras la vaisselle durant la semaine ? Allez va réciter dix « Notre Père » - Merci, mon père, je vais les dire avec une grande attention. Le gosse est parti réconforté et j’ai su que sa mère lui avait pardonné bien sûr, après lui avoir tiré les oreilles quand même ! Parfois il m’est arrivé de jouer les instituteurs. Il y avait un bon gros, encore jeune qui ne savait pas bien lire et qui n’osait pas aller à l’école avec les petits. Il est venu tous les soirs, une heure après son travail de jardinier et il a fini en un an par savoir bien lire et bien écrire, bien compter. Il n’a jamais fait de fautes et aurait même pu passer son certificat d’études. Grâce à cela, il a obtenu un travail plus lucratif. Il me remerciait en m’apportant des boutures de géraniums ou des salades de son jardin. Il ne venait pas régulièrement à la messe. Sauf à NOEL, RAMEAUX, ou le vendredi saint et PAQUES. Une confession par an. Comme beaucoup d’autres gens de la campagne. Cependant ces gens menaient une vie chrétienne en s’occupant de leurs ainés, des voisins plus pauvres qu’eux, en faisant des petits travaux bénévolement chez les retraités. C’était des braves gens que j’aimais et chez qui j’allais prendre un café ou un verre de gros rouge en famille. Avec l’Instituteur et le Maire, nous étions les personnages importants. Pour les communions solennelles il me fallait préparer les enfants et j’avais avec moi, une dame veuve qui avait du temps libre et qui m’aidait. Les parents se ruinaient pour payer une belle robe ou un beau costume à leur enfant. J’avais beau leur dire que ce n’était pas utile, ils savaient que « cela se faisait en ville, alors, ils faisaient pareil ». Ils étaient tellement ravis le dimanche de réunir la famille devant un coq au vin avec leur curé qui présidait. En ce temps là, le cadeau pour l’enfant était un missel, quelques oranges et des bonbons. Les plus riches offraient la montre du grand père. Tout se terminait par des chants religieux et aussi… des chansons à boire…Que c’est loin cette époque campagnarde. J’étais toujours respecté. Le moins agréable, c’était de venir donner l’extrême-onction comme on disait jadis. On connaissait tous les gens du village. Alors, lorsque je devais venir vers un grand malade que je savais perdu, je ne pouvais cacher ma tristesse devant tant de souffrances. Le pauvre homme me regardait presque apeuré devant la mort. Je tâchais de le réconforter, de lui parler des belles choses qu’il avait réalisées pour sa famille, et nous finissions par prier ensemble, main dans la main avec ferveur. Quelques jours après il me fallait célébrer son enterrement devant tout le village. En ce temps là, il y avait un fiacre noir avec deux chevaux et les gens marchaient derrière jusqu’au cimetière. Tout le monde était triste. Mais cela finissait par un gueuleton durant lequel on parlait du mort, on le blaguait, on le regrettait, on le félicitait aussi. Quelle époque lointaine… Plus récemment, j’ai été muté dans une petite ville, proche de ma campagne et j’ai du me déplacer en voiture pour dire les messes dans plusieurs églises. On manque de prêtres ! Peut être que si on autorisait le mariage des prêtres, il y aurait plus de candidatures ? C’est une grave question… Une chose amusante, c’est que j’ai dû me remettre à l’harmonium, donc au solfège, pour pouvoir accompagner les petites chorales d’enfants. Cela me prenait du temps le soir, mais quel plaisir. Je n’avais pas tellement oublié les cours de mon enfance et je fus assez vite capable de jouer pour les mariages ou les enterrements. Etant seul, je jouais avant la messe et après, ce qui plaisait aux paroissiens. Parfois un vieux monsieur chantait l’Ave Maria de Schubert, c’était charmant. Un jour une dame me fit cadeau d’un synthétiseur YAMAHA qui pouvait jouer de l’orgue, de la clarinette, de la trompette et plein d’autres instruments. Je fus le plus heureux des hommes. Nous pouvions donner des « concerts » avec la chorale des enfants et cela nous permettait de récolter quelques sous pour faire partir les enfants en colonies de vacances. Je louais un mini car et j’emmenais une quinzaine de gosses au grand air et nous campions sous des tentes… près d’une gendarmerie. Grâce à moi, les enfants ont appris à partager, à se supporter, à dormir sans confort, à faire la cuisine, à faire la vaisselle, à prier le soir ensemble, à chanter, à marcher sans se plaindre, à porter les sacs à dos, à connaître les étoiles, à découvrir les papillons et les insectes…Bref, une leçon chaque jour dans la joie. Ils revenaient fatigués, mais heureux et attendaient les prochaines vacances pour revivre de tels moments. Ma vie était simple : dire des messes, réconforter, aider les malheureux, partager surtout et ne pas penser à ses propres ennuis ou maladies. Je crois avoir rempli ma tâche ! Mais dire que je n’ai jamais douté serait un mensonge. Combien de fois, je me suis demandé pourquoi DIEU nous laissait tant de malheurs, de maladies et de guerres, tant d’horreurs dans le monde ? Je n’ai pas de réponses, je cherche ! L’homme est parfois un loup, un monstre, un fanatique, un fou de guerre, mais aussi, l’homme peut être un ange, un savant, un chercheur, quelqu’un de bien… qui n’aspire qu’à la PAIX. Pourquoi les peuples ne vivent ils pas en PAIX ? Grande question…La famine, les maladies, les guerres, la puissance et la gloire de l’HOMME, tout cela change la vie et le peuple souffre… Je prie beaucoup, je cherche, je console comme je peux. Je m’isole du monde cruel en faisant de la musique. J’essaie de transmettre des valeurs morales aux enfants… A mon âge, j’attends la mort sereinement même si parfois je me demande s’il y a un au-delà ! Je ne devrais pas avoir de telles pensées, mais c’est humain ? Mes chers lecteurs : Priez pour moi et pour le MONDE surtout, afin que nous vivions en PAIX enfin… CHANTAL LECLERC ……………………………….. DROITS RESERVES 2012………..

vendredi 6 avril 2012

MOI ...LA R.10 DE 1965

SOUVENIRS AMUSANTS


Petite nouvelle de Chantal ....EN MARS 2012
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Je suis encore jeune et belle, sportive, « belle carrosserie » dit on ! Plus côté à l’argus depuis longtemps, mais très demandée par la gent masculine…
Et oui, je suis une belle « voiture de collection » ! J’en ai vu des hommes et des femmes sur mes sièges…J’ai tellement d’histoires à vous raconter…
Née en 1965 dans les Yvelines, de couleur blanche, j’ai quatre portes, un moteur à l’arrière et je fais 790 kg et 46 ch.
Voilà quelques souvenirs que je vous livre en vrac :
Ma première acheteuse était une jeune femme, venue avec ses deux enfants de cinq ans et sept ans. Son mari lui offrait une voiture et elle pouvait choisir ce qu’elle voulait…Les enfants me tournaient autour, touchait ma carrosserie, le volant, essayaient les sièges, ouvraient le coffre et étaient en admiration devant ma belle couleur blanche ! Le mari attendait pour faire le chèque sans doute. En quelques minutes, mon sort fut fait : On me prenait sans discuter…
Les enfants étaient soigneux et drôles…Ils voulaient tout savoir :
- A quoi sert ce bouton ? On peut mettre la radio ? je peux tenir le volant ?
La jeune femme se mit aussitôt au volant (en cuir) et sortit du grand garage avec l’aisance d’une bonne conductrice. Son mari, à sa droite, était ravi de son cadeau. Il possédait lui-même, une LAND ROVER de service et pensait que sa femme serait ainsi plus indépendante avec les enfants.
Ma propriétaire me prenait très souvent, elle adorait conduire. Il fallait emmener les enfants à l’école, aux cours de judo ou de danse ou aller à la plage avec parasol, serviettes et glacière ou victuailles que l’on mettait dans mon coffre, à l’avant.
J’ai passé des moments merveilleux avec cette famille. Le mari ne m’a jamais conduite ou peut être deux fois !
Un soir, je fus la reine des voitures. Imaginez la scène : Ma propriétaire présentait un concours d’ELEGANCE avec sa fillette elle me choisit pour les emmener, moi une RENAULT 10 blanche !
Elle s’était bien habillée : robe noire avec boa de plumes blanches et chignon élaboré avec poudre d’or, chaussures et sac d’une grande marque. Pour se donner du courage, elle avait emmené sa fillette de cinq ans habillée en page, d’un joli maillot noir et plumes blanches, ballerine noires et blanches. Elle l’avait mise sur mon capot, toute souriante envoyant des bises au public. Je roulais au pas, la fillette semblait heureuse. Le public était conquis et le jury fut ravi de voir cette élégance. On appréciait ma carrosserie, ma ligne, mon allure et j’aurais aimé cligner des yeux, ou des phares, tellement j’étais contente de cette belle soirée. Nous avons obtenu le deuxième prix, le premier revint à une belle CADILLAC rose.
J’ai donc passé des années fantastiques avec ces gens charmants et puis, je ne sais pourquoi, je fus vendue à des jeunes professeurs qui venaient de se marier. Je n’avais pas une égratignure, pas de bosses, ma couleur blanche était un peu moins belle, mais je faisais encore mon petit effet d’autant que je n’avais pas couté bien cher aux jeunes professeurs.
Ils étaient moins soigneux que les premiers et transportaient des plantes, des cartons lourds, des étagères, des poubelles car ils s’installaient. Je craignais qu’ils abiment mes sièges, mais ils avaient mis une vieille couverture sur la banquette. Ils étaient jeunes, riaient tout le temps, conduisaient un peu trop vite, changeaient de vitesse sans ménagement, bref, ils avaient vingt cinq ans et profitaient de la vie. Un dimanche ils me conduisirent vers un endroit isolé, et après un bon pique nique et beaucoup de bière, ils s’installèrent sur la banquette arrière pour faire l’amour…Ce n’était guère confortable, mais à cet âge, on fait l’amour partout ?
Bien repus, ils abaissèrent les sièges de devant, faisant une sorte de lit avec la banquette et s’endormir heureux. Je ne vous détaillerai pas les ébats de la nuit…
Ils étaient bien mignons mes petits professeurs. Parfois, ils raccompagnaient des collègues et ils se retrouvaient à cinq chez moi…Ils mettaient la radio à fond et fumaient, fumaient, j’empestais ensuite…
J’ai passé cinq ans avec eux, puis après un accrochage qui me coutât une aile et le pare choc ils décidèrent de me bazarder !
Pour mieux me vendre, ils avaient décidé de me repeindre en noir…Un corbillard…Cela ne me plaisait pas du tout…Certes avec mon aile et mon pare choc réparés, j’étais encore bien ! Mais pourquoi en noir ?
J’avais dix ans, quelques contrôles à faire, quelques révisions, mes pneus à revoir…Je fus mise en exposition dans un garage, après un bon shampoing et lustrage, et là j’attendis longtemps avant de trouver une bonne âme charitable qui voudrait bien de moi.
Un jour je vis devant moi un monsieur d’un certain âge qui hésitait devant toutes les voitures exposées. Il s’arrêtât devant moi, ouvrit les quatre portes, le coffre avant, baissa les vitres, tourna le volant, bref, il hésitait quand le vendeur lui dit :
- Monsieur, vous allez faire une bonne affaire avec cette R10. Elle est révisée et est repeinte, ses pneus sont neufs. Elle n’a pas beaucoup de kilomètres au compteur : 50.OOO seulement. Le prix est intéressant.
Le monsieur était muet et regardait partout, il allait et venait dans le garage. Puis, il dit :
- Je la prends mais j’espère qu’elle pourra tracter une petite remorque ?
- Bien sûr Monsieur, aucun problème.
Qu’est ce que j’entendais ? On allait me mettre une remorque au derrière ? Il allait falloir me fatiguer pour tirer cette chose !
Ce bonhomme ne me plaisait pas du tout…Pour le punir, je tomberai en panne le premier jour…A dix ans je n’avais plus le cœur (le moteur) solide. Il n’allait pas me commander ce type !
Bref, que faire ? Il monta, prit le volant et très doucement il passa les vitesses et caressa le siège à sa droite. Il semblait content de son achat. L’aurais je mal jugé ?
Arrivée chez lui, il me mit au garage couvert, passa un gant lustrant sur toute la carrosserie, nettoya les vitres et ferma les portes à clés. Puis il me contempla un moment.
Le lendemain, je le vis arriver avec sa femme, une maigrichonne sympathique. Avant de monter, ils tournèrent autour de moi, me caressant affectueusement.
- Tu vois qu’avec mes économies, j’ai pu réaliser notre rêve : Aller en camping avec notre remorque !
Tous les deux se débrouillèrent pour fixer la petite remorque derrière. Elle était vraiment minuscule. Juste de quoi mettre quelques affaires de camping. Ils entassèrent une tente, un parasol, une table pliante, des chaises pliantes, un panier de couverts de table, une couverture, des serviettes de bains etc.
Mon Dieu, comme ils semblaient heureux de leur achat. Je ne leur ferai pas le coup de la panne…Finalement, ils me plaisaient bien ces jeunes retraités.
Avec eux, je suis allée à la plage, à la montagne, en forêt, nullement fatiguée, le moteur impeccable. De la Savoie en Auvergne, de la côte d’Azur, à l’Italie, j’ai circulé partout ! J’en ai vu des paysages et de belles voitures en Italie, des FERRARI et des MAZZERATI, mais mes patrons me chouchoutaient toujours et j’étais toujours propre et brillante. Finalement le noir me convenait…
Malheureusement, mon patron eut une crise cardiaque au volant un soir et je me suis retrouvée dans le fossé en contrebas. Tous les deux étaient morts sur le coup…J’étais en sang, mes sièges rouges, la remorque sur le toit. Je les aimais bien mes vieux, j’étais blessée moi aussi : Les deux ailes broyées, les pneus avant éclatés, la remorque lourde avait écrasé le toit. C’est dans cet état que la voiture de dépannage vint me chercher pour m’emmener à la ferraille sans doute ?
On me mit sur un tas de voitures plus abimées que moi. Je n’allais pas finir ainsi me dis je…
Quelques jours plus tard, je vis arriver une bande de jeunes qui voulaient m’acheter pour les pièces disaient ils.
Avec quelques billets donnés au gardien pour les aider, ils m’emmenèrent accrochée à leur JEEP. Qu’allais-je devenir dans cet état ? Je roulais sur mes roues arrière, pauvre épave que l’on allait dépecer sans doute.
Quelle ne fut pas ma surprise quand je compris que ces jeunes mécaniciens allaient me transformer pour un STOCK CAR et que j’allais participer à des concours…
Certes je prendrai des coups et j’en donnerai aussi…Mais j’allais revivre et bien m’amuser avec eux. Ils me remirent à neuf et me donnèrent une belle couleur rouge avec toit blanc. Les pneus avec du blanc pour être à la mode. Je ne passais pas inaperçue. Comme le concours d’élégance était loin maintenant.
Notre première course fut douloureuse pour mes portières et mon pare-choc et cependant j’avais pris du plaisir avec ce conducteur un peu fou.
Ce show dura au moins deux ans : chaque fois on me redonnait des couleurs et on révisait mon moteur. Mais je commençais à sentir mon âge avancé. Je tombais en panne parfois et le conducteur me donnait des coups de pieds de fureur.
Il m’abandonna un soir sur la route et me poussa dans le petit lac. Je sombrais vite et fus remplie d’eau, mon toit dépassant : Morte par noyade !
Quelques années plus tard, un homme qui passait par là, me vit et fit venir une grue et on me retira non sans difficultés. Il me regardait et dit :
- Cette voiture me rappelle ma jeunesse ! J’avais acheté une R10 à ma femme jadis qui l’a tant aimée. On dirait la même en noir et démolie.
- Je vais la faire réparer et la lui ramènerai un jour comme cadeau pour nos noces d’or. Elle sera blanche.
Cela a duré des années, des recherches pour les pièces et les pneus, mais je fus remise à neuf ou presque par ce collectionneur. Il a du dépenser des sommes considérables, mais quand on aime, on ne compte pas ?
Le jour de leurs noces d’or, je fus mise dans le jardin avec un grand ruban rouge qui m’entourait et quand ma chère ancienne propriétaire me vit elle fondit en larmes devant ses petits enfants.
- Ma voiture de jadis ! C’est celle avec laquelle nous avons présenté le concours d’élégance automobile…Tu vois Caroline, tu étais sur le capot jadis. Maintenant, on y mettra ta fillette et on présentera des concours de voitures de collection ? Cela me rappellera ma jeunesse.
Leurs noces d’or c’est donc cinquante ans de mariage ! Moi aussi j’ai cinquante ans et avec mon lifting, j’en parais bien moins ?

Voilà ma vie tumultueuse et si belle durant cinquante ans de bonheur.
J’oubliais de vous dire que j’ai eu plusieurs noms au cours de mon existence.
- PIN UP
- TITINE
- LA CHERIE
- BOLIDE

A VOUS DE CHERCHER QUI ME DONNAIT UN SURNOM…
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CHANTAL LECLERC 2012-04-04

vendredi 17 février 2012

ENFER OU PARADIS par Chantal

LES PERVENCHES…….SUITE…..

Me voici devant une dame sans âge, entre soixante dix et soixante quinze ans ! Peut être plus…Elle est habillée simplement, sans élégance, et porte des pantoufles qui ont longuement servi. Sur ses épaules, elle a mis un châle noir qu’elle a du tricoter jadis. En effet, elle passe son temps à tricoter. Pour elle, ou pour les autres qui parfois lui commandent un cache nez ou un petit bonnet. Elle est gentille avec tous les autres pensionnaires, même avec ceux qui l’ignorent !
Je m’approche d’elle :
-          Madame ? Puis je vous demander de me raconter votre vie car je fais un livre sur les retraités …
-         Elle hésite un moment, ne désirant pas me répondre. Puis, elle me dit :
-         Venez dans le jardin, je vous parlerai plus librement. Ici personne ne sait qui j’étais. On se moque de notre passé bien sûr.
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Voilà, vous n’imaginez pas quelle a été ma jeunesse et ma vie ensuite ! En 1950, je « suis tombée enceinte » comme on disait. J’avais 15 ans ! M’étant éprise d’un garçon de ma classe, nous avions commis l’irréparable sans le savoir vraiment. Insouciants et amoureux, nous n’imaginions pas les conséquences de ce petit moment de bonheur. Par contre, dès que je compris que j’étais enceinte, je fus prise de panique, et attendis le cinquième mois pour en parler à mes parents. Cela se voyait un peu et ils me disaient de moins manger, car je prenais des rondeurs…Mon amoureux était parti à Paris avec ses parents et je ne le revis jamais. Finalement, comme je vomissais beaucoup, ma mère me regarda méchamment et me dit : Tu n’es pas enceinte au moins ???
-         -  Oui, Maman, je pense que je suis enceinte depuis cinq mois.
Elle me flanqua une gifle qui me fit basculer contre la porte. Puis elle sortit en parler à mon père. Quand ils revinrent vers moi ce fut pour me dire de partir avec mon séducteur, de quitter leur maison honorable. Je me mis à pleurer, à trembler, à demander pardon, mais rien à faire, j’étais chassée.Je n’eus que la matinée pour faire ma petite valise, ramasser mes affaires de classe, prendre le billet de train offert pas mes parents pour aller chez une vieille tante qui me prendrait comme bonne…
J’étais anéantie, je ne connaissais pas cette dame et je voulais continuer mes études pour un jour élever mon enfant.
Arrivée chez cette vieille dame, je compris que j’allais vivre un enfer.
 Sans me dire bonjour, sans me demander si j’allais bien, elle me fit signe de monter au second déposer mes affaires dans la chambre mansardée. Quand je vis ce vieux lit, avec un matelas usé, des vieilles couvertures, une minuscule fenêtre donnant sur la cour, une vieille armoire pleine de vieux vêtements, une chaise bancale et un bureau sale, je m’effondrais sur le lit et me mis à pleurer en gros sanglots. Mais en même temps, j‘entendais :
-         Alors, tu descends ? Tu en mets du temps pour t’installer…
-         Comment t’appelles-tu déjà ? Ah oui, Caroline…Bon ce sera CARO pour moi…
-         Bien Madame, que dois-je faire pour vous ?
-         Tu feras les courses, le ménage, la cuisine et tu me feras aussi la lecture le soir.
Dans mon état, je ne pensais pas être capable de faire tout cela longtemps. On verrait bien…Que pouvais-je faire ? Accepter, subir, expier ma faute !
Pendant un mois, je fis de mon mieux pour satisfaire ma vieille tante Justine. Elle n’était pas méchante, juste vieille fille, acariâtre, boitant un peu à cause d’une poliomyélite jadis. Elle parlait peu avec moi, me commandait plutôt. J’acceptais tout…Elle ne recevait personne. Quand j’avais un moment de repos, je me remettais à mes études.
En faisant le ménage, j’avais remarqué des livres de chimie et mathématiques, ainsi que des livres de sciences naturelles. Je n’osais pas les consulter. Je voulais m’instruire pourtant.
Un soir, alors que nous finissions notre petit repas... que j’avais soigné, elle me félicita, ce qui me surprit…
Du coup, je fus prise d’un culot incroyable et lui dit :
-         Pourrais-je vous emprunter vos livres, car je désire finir mes études ?
Elle se tourna vers moi et me dit :
-         Tu ne veux tout de même pas que je te donne des cours particuliers aussi ?
-         Pourquoi pas… ma tante ?
Cette familiarité la surprit et elle esquissa un petit sourire, une sorte de grimace, en fait. Mais, je sentais qu’elle était ravie que je désire apprendre.
Puis elle partit se coucher sans un mot. Moi, j’étais plutôt contente. Je ne vomissais plus, je faisais mon petit travail tranquillement et le bébé commençait à bouger, ce qui me ravissait.
Quelques jours plus tard, je vis ma tante, avec une pile de livres sur son bureau, et des cahiers, des stylos, des crayons et un vieux tableau noir devant la cheminée. Elle avait tout amené pour me faire travailler le matin après le petit déjeuner. Ma joie était immense et je lui sautais au cou, ce qui la fit se reculer un peu.
-         -  Excusez-moi, je suis si heureuse d’apprendre, d’avoir un jour un beau métier !
Elle ne m’écoutait pas et ouvrait un livre de mathématiques de la classe de troisième et me dit :
-         Allez, on va voir où tu en es ! tu vois cet exercice ? Fais le en une heure…Attention j’ai été professeur…
Une heure après, elle revint, avec une tisane, et prit mon cahier sans rien dire. Je la regardais avec tendresse, elle avait mis ses vieilles lunettes et corrigeait mes erreurs.
-         C’est assez bien CARO, tu n’as pas trop oublié ce que tu as appris. On va voir avec les sciences.
C’est ainsi que débutèrent mes cours particuliers durant la fin de ma grossesse.
En juillet, je pourrai me présenter au brevet, je pense. Ma tante était plus abordable et je commençais à l’aimer un peu plus chaque jour. Elle avait, avec mon aide, changé ma « turne », en chambre correcte. Elle avait ressorti, de beaux draps et un beau dessus de lit. J’avais même un vieux tapis persan fort joli. Bref, ma tante m’avait adoptée en fait. Je vivais presque heureuse avec elle. Mes parents ne prirent jamais de mes nouvelles et n’envoyèrent jamais d’argent à leur vieille tante. Cela me rendait vraiment triste. Je voulais leur écrire, mais n’osais pas.
Je décrochais mon brevet sans peine grâce aux bons conseils de ma tante Justine, et tous les élèves regardaient cette jeune femme enceinte de huit mois qui allait et venait comme eux…
Ma tante fut plus heureuse que moi je crois et m’embrassa avec tendresse, en me serrant dans ses bras. Elle sentit mon bébé bouger et elle se mit à rire, ce qui ne lui arrivait jamais.
-         Maintenant CARO, tu vas te reposer, et attendre le bébé tranquillement à la maison. Nous ferons venir le Docteur BELON qui t’accouchera, c’est un vieil ami à la retraite.
-         Merci ma tante pour tout ce que vous avez fait pour moi et pour le bébé. Jamais vous ne m’avez jugée ou réprimandée. Vous m’avez transmis votre savoir, et si j’avais peur de vous au début, à présent, je suis ravie de vous avoir connue.
Un mois après, j’accouchai d’un superbe poupon de 3 kilos Tout se passa très bien et rapidement devant les yeux émerveillés de ma tante et de son ami le vieux docteur.
Malheureusement ma tante fit une crise cardiaque fatale un mois après. J’étais désespérée, triste, je l’aimais beaucoup…Qu’allais je devenir ?
Je m’occupais du bébé, facile à vivre, et faisais quelques ménages pour me payer ma nourriture. J’avais droit à quelques sous pour le bébé, mais si peu…
Un jour j’eus la visite d’un notaire, qui voulait me parler.
Il m’apprit que ma tante me léguait tout ce qu’elle possédait avec la maison. Elle avait même souscrit un livret de caisse d’épargne pour le bébé. Je regardais le notaire, sans y croire…Moi qui croyais vivre un enfer avec ma tante jadis, je vivais au paradis ! Quelle femme extraordinaire j’avais connue à cause de ma grossesse. Mon bébé s’appellerait JUSTIN.
Quand à mes parents, furieux de cette situation, ils m’envoyèrent une lettre pleine de haine…Comme c’est affreux d’avoir des parents rancuniers et méchants, peu compréhensifs. J’avais coupé les ponts, et ne les revis jamais.
Ma vie était simple, je travaillais dans un petit restaurant : mon salaire était suffisant pour vivre à deux.
La maison de ma tante était spacieuse et le petit jardin agréable.
Des années après, Justin avait bien grandi et m’aidait à rajeunir la maison. Il avait seize  ans, et nous voulions changer la maison en maison d’hôtes. Il était apprenti cuisinier et comptait m’aider plus tard. C’était un beau projet, sûrement rentable.
Je n’avais pas refait ma vie, je n’avais jamais connu d’autre homme, je ne vivais que pour mon enfant et son avenir. Il travaillait bien et m’adorait.
Voilà, j’ai passé trente ans de ma vie à tenir cette pension ou chambres d’hôtes et ensuite, mon fils s’est marié et avec sa femme il a rénové la maison et en a fait un bel hôtel-pension. Ma vie était parfaite, mon enfant, nullement désiré au début, faisait ma joie. Me sentant vieillir, avec mon fils, nous avons cherché une bonne maison de retraite et je suis venue ici à deux pas de la maison de JUSTIN.
Je repense parfois à mon petit moment de bonheur, avec mon amoureux dont j’ai oublié le prénom, et je me vois ensuite, avec toutes les joies que j’ai eues, je me dis que le bonheur est encore de ce monde…Tante Justine, vous m’avez redonné le goût de vivre et d’aimer…
Vous voyez, Madame, ma vie était mal partie et me voilà heureuse à mon âge.
Pour m’occuper, je tricote, mais je ne fais plus la coquette, je suis fatiguée, je suis vieille…Quand j’attends la visite de mon fils, de sa femme et de leur jumeaux … Je me fais belle…
Au revoir Madame, j’espère ne pas vous avoir ennuyée…


CHANTAL LECLERC ………………droits réservés

jeudi 9 février 2012

Un voyage en RUSSIE... aux PERVENCHES N°3


Après vous avoir raconté la vie de madame RICHAUD et la vie de monsieur BODINO que j’ai rencontrés dans la maison de retraite des PERVENCHES, j’ai pu faire parler, une petite vieille dame sur une chaise roulante, toute habillée de noir, les cheveux blancs comme de la neige et les yeux pétillants derrière de fines lunettes dorées…Elle était toujours aux aguets, observant chaque personne, chaque aide soignante, et parfois elle appelait IGOR…d’une petite voix frêle et chevrotante ! Elle m’intriguait un peu et comme tout le monde la considérait comme « folle » ou gâteuse, je désirais en savoir plus.
Je m’approchais d’elle et gentiment, je lui dis :
-         Parlez-moi de vous, de votre enfance et de votre vie jadis ! Cela me ferait plaisir de vous connaître…Vous voulez bien ?
A ma grande surprise, elle sourit et me dit : « Ce sera long, car j’ai 85 ans… » Et alors elle se mit à parler, à parler sans s’arrêter ou presque. Voici en gros, ce que j’ai retenu :
Née à MOSCOU, de parents étrangers, une mère russe et un père mongol qui s’étaient rencontrés lors d’un voyage d’études à OULAN BATOR !  J’ai donc un type indéfinissable je crois, mais avec l’âge cela s’est estompé ? Mes parents ont vite quitté la RUSSIE pour aller à PARIS faire leurs études de chimie. Ils avaient une famille riche et vivaient bien. Finalement toute la famille vint en France et s’installa dans le septième arrondissement à PARIS. Je fis donc toutes mes études à PARIS et plus tard je rentrais à l’université : Je voulais être professeur de russe. Mes parents parlaient le français, mais parlaient russe ensemble. Mon père m’avait vaguement appris sa langue et me parlait des anciennes coutumes en MONGOLIE, de la  religion bouddhiste qui me fascinait. Bref, j’étais très différente des autres élèves, et mon type slave amusait les garçons !En quelques années je finis par décrocher mon diplôme : J’étais professeur de russe et devais enseigner bientôt.
J’étais fille unique très choyée par mes parents et grands parents. C’est ainsi qu’ils m’offrirent un voyage organisé de Moscou à OULAN BATOR ! Mon rêve…Quelle aventure ! J’appris des tas de choses…
J’ai retenu ce nom de MOSCOU, la Mère, ou Babouchka Moskova…Je me souviens des églises orthodoxes, du GOUM sur la place rouge, des gratte-ciel staliniens, de la rue TVERSKAIA à l’architecture impériale et bourgeoise, des parcs GORKI, IZMAILOVSKI,, le jardin botanique, le domaine des comtes CHEREMETIEV, les galeries d’art, les musées nombreux, les monuments célèbres, comme le KREMLIN, la cathédrale de l’archange St Michel, la place rouge, le mausolée de LENINE, le théâtre BOLCHOI etc.
Notre guide nous a fait voir tout cela en deux jours et nous avons repris le train pour EKATERINBOURG, centre industriel, avec sa chapelle EKATHERINA et la Cathédrale-sur-le-sang où le Tsar et sa famille passèrent leurs derniers jours : On nous a raconté la vie de Nicolas II et de sa famille, tous assassinés ! Puis nous avons admiré l’architecture en bois de l’OURAL et nous avons quitté EKATERINBOURG pour rejoindre OMSK. Je me rappelais que Jules VERNE avait fait naître Michel STROGOF à OMSK…Là, nous sommes allés à la cathédrale St Nicolas NICKOLSKY, une œuvre commandée jadis par les Cosaques. Puis nous avons vu le bagne où DOSTOIEVSKI fut emprisonné, il en fit un livre plus tard.
Nous voilà repartis pour NOVOSIBIRSK près du pont de chemin de fer du transsibérien qui enjambe le fleuve…On visite le plus grand opéra de ballet de la Russie puis des centres de métallurgie.
IRKUTSK, à 60 km du lac BAIKAL, une région couverte de taïga, paysage typique de la Sibérie…Jadis les Cosaques s’y installèrent et firent du commerce de fourrure, mammouth ou zibeline, vers la CHINE. On surnomme IRKUTSK le PARIS de la SIBERIE !!! J’ai beaucoup aimé…
Enfin l’arrivée à OULAN BATOR la capitale de la MONGOLIE le pays de mon père. Beaucoup de nomades venus de la steppe…Durant des siècles la population fut sous la domination mandchoue, sur la route du thé. C’est la capitale d’un régime bouddhiste. Au 19è siècle la population vivait dans des yourtes blanches, puis les russes établirent une urbanisation soviétique. Le 14è LAMA visita cinq fois OULAN BATOR. Gengis Khan il y a 800 ans avait crée l’état  MONGOL. Il y a des mines de charbon, d’or et de cuivre. C’est la capitale la plus froide du monde. Au transsibérien, succède le trans- mongolien. OULAN BATOR est la 2ème ville la plus polluée au monde.
J’étais ravie de connaître cette ville des ancêtres de mon père et essayais de parler, avec quelques phrases que je connaissais. Les gens étaient sympathiques et souriants et se laissaient photographier. Quel bonheur.
Le retour en avion sur MOSCOU fut rapide car je regardais mes notes et les petits achats ou cartes postales que je comptais offrir à mes parents.
Encore un jour à Moscou et retour sur Paris avec des yeux émerveillés.
Je suis revenue à PARIS transformée…Mes parents m’écoutaient comme si j’étais une conférencière et je leur montrais mes photos et cartes postales et diverses babioles ramenées de cette Russie lointaine.
Vous voyez que ma mémoire ancienne est encore parfaite et je peux vous donner des tas de détails. Malheureusement j’oublie bien des moments de ma vie parfois…
Donc, j’ai été professeur de russe longtemps à PARIS et je me suis mariée à un russe né en France. C’est grâce à moi qu’il a découvert le pays de ses ancêtres. Nous avons formé un couple modèle, tous les deux professeurs dans le même lycée, une chance. Malheureusement, nous n’avons pas eu d’enfant et nous avons adopté un petit mongol et non mongolien, bien sûr…On confond souvent…Cet enfant élevé à Paris comme un parisien, avec un type particulier amusait les gens. Mon père se chargeait de lui enseigner sa langue et les coutumes en plus de la religion bouddhiste. C’était un enfant épanoui, élève brillant, nullement complexé par son faciès différent ou par sa couleur…Nous étions fiers de lui et mes parents aussi.
Bien des années plus tard, il repartit pour la MONGOLIE avec notre accord, pour travailler dans une industrie de métallurgie, comme ingénieur. Il avait une très belle situation et parlait anglais, et mongol en plus du français bien entendu. Il épousa une jolie mongole qui lui donna un superbe garçon YVAN.Quand mon mari mourut, il y a dix ans maintenant, je me sentis bien seule et je décidais d’entrer en maison de retraite. Mes parents étaient décédés depuis longtemps…J’avais une belle retraite, une pension confortable : la belle vie.
J’ai un peu perdu la mémoire et ne me souviens plus de l’âge de mon petit fils ! Avec ses parents, il vient me voir tous les trois ans. Mais cela fait longtemps que je l’attends : Ils m’écrivent souvent et m’envoient des photos…On m’a dit que IGOR, le Kiné, a des parents russes, alors je l’appelle pour évoquer mes souvenirs, mais il a trop de travail et ne m’écoute pas…J’aimerais revoir ma famille avant de « partir ». Ici on me croit folle car je parle de pays que les gens ne connaissent pas et personne ne me croit quand je dis que je parle russe et mongole Ils disent que je radote…Je n’ai rien oublié, vous savez, je sais même chanter en russe.
Comme c’est gentil de m’avoir écoutée, je suis revenue à des années en arrière, grâce à vous…SPASIBA.

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Quel bonheur d’écouter cette charmante vielle dame au passé extraordinaire. J’ai appris plein de choses et le bonheur de partager ses émotions. Merci Madame GORLANOVA.


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