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CHANTAL



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vendredi 6 avril 2012

MOI ...LA R.10 DE 1965

SOUVENIRS AMUSANTS


Petite nouvelle de Chantal ....EN MARS 2012
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Je suis encore jeune et belle, sportive, « belle carrosserie » dit on ! Plus côté à l’argus depuis longtemps, mais très demandée par la gent masculine…
Et oui, je suis une belle « voiture de collection » ! J’en ai vu des hommes et des femmes sur mes sièges…J’ai tellement d’histoires à vous raconter…
Née en 1965 dans les Yvelines, de couleur blanche, j’ai quatre portes, un moteur à l’arrière et je fais 790 kg et 46 ch.
Voilà quelques souvenirs que je vous livre en vrac :
Ma première acheteuse était une jeune femme, venue avec ses deux enfants de cinq ans et sept ans. Son mari lui offrait une voiture et elle pouvait choisir ce qu’elle voulait…Les enfants me tournaient autour, touchait ma carrosserie, le volant, essayaient les sièges, ouvraient le coffre et étaient en admiration devant ma belle couleur blanche ! Le mari attendait pour faire le chèque sans doute. En quelques minutes, mon sort fut fait : On me prenait sans discuter…
Les enfants étaient soigneux et drôles…Ils voulaient tout savoir :
- A quoi sert ce bouton ? On peut mettre la radio ? je peux tenir le volant ?
La jeune femme se mit aussitôt au volant (en cuir) et sortit du grand garage avec l’aisance d’une bonne conductrice. Son mari, à sa droite, était ravi de son cadeau. Il possédait lui-même, une LAND ROVER de service et pensait que sa femme serait ainsi plus indépendante avec les enfants.
Ma propriétaire me prenait très souvent, elle adorait conduire. Il fallait emmener les enfants à l’école, aux cours de judo ou de danse ou aller à la plage avec parasol, serviettes et glacière ou victuailles que l’on mettait dans mon coffre, à l’avant.
J’ai passé des moments merveilleux avec cette famille. Le mari ne m’a jamais conduite ou peut être deux fois !
Un soir, je fus la reine des voitures. Imaginez la scène : Ma propriétaire présentait un concours d’ELEGANCE avec sa fillette elle me choisit pour les emmener, moi une RENAULT 10 blanche !
Elle s’était bien habillée : robe noire avec boa de plumes blanches et chignon élaboré avec poudre d’or, chaussures et sac d’une grande marque. Pour se donner du courage, elle avait emmené sa fillette de cinq ans habillée en page, d’un joli maillot noir et plumes blanches, ballerine noires et blanches. Elle l’avait mise sur mon capot, toute souriante envoyant des bises au public. Je roulais au pas, la fillette semblait heureuse. Le public était conquis et le jury fut ravi de voir cette élégance. On appréciait ma carrosserie, ma ligne, mon allure et j’aurais aimé cligner des yeux, ou des phares, tellement j’étais contente de cette belle soirée. Nous avons obtenu le deuxième prix, le premier revint à une belle CADILLAC rose.
J’ai donc passé des années fantastiques avec ces gens charmants et puis, je ne sais pourquoi, je fus vendue à des jeunes professeurs qui venaient de se marier. Je n’avais pas une égratignure, pas de bosses, ma couleur blanche était un peu moins belle, mais je faisais encore mon petit effet d’autant que je n’avais pas couté bien cher aux jeunes professeurs.
Ils étaient moins soigneux que les premiers et transportaient des plantes, des cartons lourds, des étagères, des poubelles car ils s’installaient. Je craignais qu’ils abiment mes sièges, mais ils avaient mis une vieille couverture sur la banquette. Ils étaient jeunes, riaient tout le temps, conduisaient un peu trop vite, changeaient de vitesse sans ménagement, bref, ils avaient vingt cinq ans et profitaient de la vie. Un dimanche ils me conduisirent vers un endroit isolé, et après un bon pique nique et beaucoup de bière, ils s’installèrent sur la banquette arrière pour faire l’amour…Ce n’était guère confortable, mais à cet âge, on fait l’amour partout ?
Bien repus, ils abaissèrent les sièges de devant, faisant une sorte de lit avec la banquette et s’endormir heureux. Je ne vous détaillerai pas les ébats de la nuit…
Ils étaient bien mignons mes petits professeurs. Parfois, ils raccompagnaient des collègues et ils se retrouvaient à cinq chez moi…Ils mettaient la radio à fond et fumaient, fumaient, j’empestais ensuite…
J’ai passé cinq ans avec eux, puis après un accrochage qui me coutât une aile et le pare choc ils décidèrent de me bazarder !
Pour mieux me vendre, ils avaient décidé de me repeindre en noir…Un corbillard…Cela ne me plaisait pas du tout…Certes avec mon aile et mon pare choc réparés, j’étais encore bien ! Mais pourquoi en noir ?
J’avais dix ans, quelques contrôles à faire, quelques révisions, mes pneus à revoir…Je fus mise en exposition dans un garage, après un bon shampoing et lustrage, et là j’attendis longtemps avant de trouver une bonne âme charitable qui voudrait bien de moi.
Un jour je vis devant moi un monsieur d’un certain âge qui hésitait devant toutes les voitures exposées. Il s’arrêtât devant moi, ouvrit les quatre portes, le coffre avant, baissa les vitres, tourna le volant, bref, il hésitait quand le vendeur lui dit :
- Monsieur, vous allez faire une bonne affaire avec cette R10. Elle est révisée et est repeinte, ses pneus sont neufs. Elle n’a pas beaucoup de kilomètres au compteur : 50.OOO seulement. Le prix est intéressant.
Le monsieur était muet et regardait partout, il allait et venait dans le garage. Puis, il dit :
- Je la prends mais j’espère qu’elle pourra tracter une petite remorque ?
- Bien sûr Monsieur, aucun problème.
Qu’est ce que j’entendais ? On allait me mettre une remorque au derrière ? Il allait falloir me fatiguer pour tirer cette chose !
Ce bonhomme ne me plaisait pas du tout…Pour le punir, je tomberai en panne le premier jour…A dix ans je n’avais plus le cœur (le moteur) solide. Il n’allait pas me commander ce type !
Bref, que faire ? Il monta, prit le volant et très doucement il passa les vitesses et caressa le siège à sa droite. Il semblait content de son achat. L’aurais je mal jugé ?
Arrivée chez lui, il me mit au garage couvert, passa un gant lustrant sur toute la carrosserie, nettoya les vitres et ferma les portes à clés. Puis il me contempla un moment.
Le lendemain, je le vis arriver avec sa femme, une maigrichonne sympathique. Avant de monter, ils tournèrent autour de moi, me caressant affectueusement.
- Tu vois qu’avec mes économies, j’ai pu réaliser notre rêve : Aller en camping avec notre remorque !
Tous les deux se débrouillèrent pour fixer la petite remorque derrière. Elle était vraiment minuscule. Juste de quoi mettre quelques affaires de camping. Ils entassèrent une tente, un parasol, une table pliante, des chaises pliantes, un panier de couverts de table, une couverture, des serviettes de bains etc.
Mon Dieu, comme ils semblaient heureux de leur achat. Je ne leur ferai pas le coup de la panne…Finalement, ils me plaisaient bien ces jeunes retraités.
Avec eux, je suis allée à la plage, à la montagne, en forêt, nullement fatiguée, le moteur impeccable. De la Savoie en Auvergne, de la côte d’Azur, à l’Italie, j’ai circulé partout ! J’en ai vu des paysages et de belles voitures en Italie, des FERRARI et des MAZZERATI, mais mes patrons me chouchoutaient toujours et j’étais toujours propre et brillante. Finalement le noir me convenait…
Malheureusement, mon patron eut une crise cardiaque au volant un soir et je me suis retrouvée dans le fossé en contrebas. Tous les deux étaient morts sur le coup…J’étais en sang, mes sièges rouges, la remorque sur le toit. Je les aimais bien mes vieux, j’étais blessée moi aussi : Les deux ailes broyées, les pneus avant éclatés, la remorque lourde avait écrasé le toit. C’est dans cet état que la voiture de dépannage vint me chercher pour m’emmener à la ferraille sans doute ?
On me mit sur un tas de voitures plus abimées que moi. Je n’allais pas finir ainsi me dis je…
Quelques jours plus tard, je vis arriver une bande de jeunes qui voulaient m’acheter pour les pièces disaient ils.
Avec quelques billets donnés au gardien pour les aider, ils m’emmenèrent accrochée à leur JEEP. Qu’allais-je devenir dans cet état ? Je roulais sur mes roues arrière, pauvre épave que l’on allait dépecer sans doute.
Quelle ne fut pas ma surprise quand je compris que ces jeunes mécaniciens allaient me transformer pour un STOCK CAR et que j’allais participer à des concours…
Certes je prendrai des coups et j’en donnerai aussi…Mais j’allais revivre et bien m’amuser avec eux. Ils me remirent à neuf et me donnèrent une belle couleur rouge avec toit blanc. Les pneus avec du blanc pour être à la mode. Je ne passais pas inaperçue. Comme le concours d’élégance était loin maintenant.
Notre première course fut douloureuse pour mes portières et mon pare-choc et cependant j’avais pris du plaisir avec ce conducteur un peu fou.
Ce show dura au moins deux ans : chaque fois on me redonnait des couleurs et on révisait mon moteur. Mais je commençais à sentir mon âge avancé. Je tombais en panne parfois et le conducteur me donnait des coups de pieds de fureur.
Il m’abandonna un soir sur la route et me poussa dans le petit lac. Je sombrais vite et fus remplie d’eau, mon toit dépassant : Morte par noyade !
Quelques années plus tard, un homme qui passait par là, me vit et fit venir une grue et on me retira non sans difficultés. Il me regardait et dit :
- Cette voiture me rappelle ma jeunesse ! J’avais acheté une R10 à ma femme jadis qui l’a tant aimée. On dirait la même en noir et démolie.
- Je vais la faire réparer et la lui ramènerai un jour comme cadeau pour nos noces d’or. Elle sera blanche.
Cela a duré des années, des recherches pour les pièces et les pneus, mais je fus remise à neuf ou presque par ce collectionneur. Il a du dépenser des sommes considérables, mais quand on aime, on ne compte pas ?
Le jour de leurs noces d’or, je fus mise dans le jardin avec un grand ruban rouge qui m’entourait et quand ma chère ancienne propriétaire me vit elle fondit en larmes devant ses petits enfants.
- Ma voiture de jadis ! C’est celle avec laquelle nous avons présenté le concours d’élégance automobile…Tu vois Caroline, tu étais sur le capot jadis. Maintenant, on y mettra ta fillette et on présentera des concours de voitures de collection ? Cela me rappellera ma jeunesse.
Leurs noces d’or c’est donc cinquante ans de mariage ! Moi aussi j’ai cinquante ans et avec mon lifting, j’en parais bien moins ?

Voilà ma vie tumultueuse et si belle durant cinquante ans de bonheur.
J’oubliais de vous dire que j’ai eu plusieurs noms au cours de mon existence.
- PIN UP
- TITINE
- LA CHERIE
- BOLIDE

A VOUS DE CHERCHER QUI ME DONNAIT UN SURNOM…
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CHANTAL LECLERC 2012-04-04

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