CAMBODGE SUPERBE

 Je vais vous raconter l’histoire de cette petite cambodgienne.

Son nom est imprononçable pour moi, alors je l’appelle Cambodia ! Elle vit près de SIEMREAP…

Sa vie est simple et elle s’occupe de son petit frère naturellement et tendrement. Tous deux s’adorent.

Elle n’a que 7 ans et est très maman avec lui qui n’a que 6 mois. Sa maman a tant à faire avec les autres !

Il y a déjà 5 enfants avant Cambodia.  Tous participent aux travaux des champs et cultivent le riz et petits légumes.

La maman et le papa vont vendre leur production sur le marché en faisant de jolis petits tas sur une natte multicolore.

La maman mâche du bétel et ses dents sont noires…Elle a environ 40 ans et en parait dix de plus.

Elle sourit et parle beaucoup avec ses clientes tandis que le père détache ses volailles entassées dans un panier tressé.

Les clients se pressent car leur production est de bonne qualité. Les ainés sont un peu plus loin.

Ils ont fabriqué une sorte de triporteur qui leur sert de cuisine ambulante.

Ils font des soupes aux odeurs alléchantes. De longues nouilles cuites pendent le long d’un fil tendu.

Dès qu’on leur demande une soupe, ils plongent les nouilles dans le bouillon brûlant rempli de champignons noirs.

Parfois pour les plus riches ils ajoutent des morceaux de poulet ou quelques crevettes.

On peut y ajouter du Nhuoc Mam ou de la sauce soja pimentée.

Des bols en émail sont empilés avec des cuillères et on sert toujours du riz blanc avec la soupe.

C’est tentant et cela sent très bon. On voit même des touristes acheter ces soupes simples.

Cambodia, elle, fait le tour du marché avec son petit frère sur le dos en riant.

Elle essaie de vendre aux touristes des petites sucettes faites de nougats et cacahuètes.

Elle a appris avec sa maman à les faire et c’est en sorte… son argent de poche !

Elle pourrait se plaindre de porter son frère et son sac de sucettes ! Mais non, elle sourit.

Elle semble heureuse de vivre ainsi. En famille, libre, dans un marché plein de gens.

Elle a appris deux ou trois mots de français et d’anglais. Elle sait comment aborder les étrangers.

Avec son minois charmant et son adorable bébé derrière elle, elle attire les acheteurs.

Elle s’achèterait bien un petit bracelet multicolore, mais il lui faut vendre plusieurs sucettes avant.

Des touristes arrivent et la photographient : Elle pose gentiment en riant sans rien demander !

On lui a interdit de demander de l’argent : Il faut travailler pour gagner des sous dit papa.

Leurs enfants sont tous élevés correctement et sont polis et respectueux.

Les derniers encore jeunes ne vont pas à l’école, mais les ainés leur apprennent à compter.

Les ainés sont attirés par la musique et mélangent les sons de leur pays avec les rythmes américains.

Pour se faire quelques sous de plus, ils ont formé un « groupe » et chantent le soir dans un petit bar à touristes.

Cambodia  rêve d’être un jour une danseuse comme celles qu’elle a vues un jour à Phnom Pen…

Les célèbres danseuses du Prince ! Elles sont superbes et retournent leurs mains avec grâce.

Tous leurs gestes signifient quelque chose ! Il ne faut pas se tromper.

Leurs costumes sont splendides, leurs chapeaux pointus aussi, ainsi que leurs bijoux.

C’est son rêve : Etre danseuse un jour ! En attendant elle amasse des sous pour se payer des cours de danse.

Les parents sont tout à fait d’accord d’ailleurs. C’est une profession bien payée et honorable.

Parfois elle va voir sur les vieux temples : Le BAYON ou à ANGKOR VAT les sculptures des danseuses…

On les appelait des APSARAS jadis dit-elle. Elle connait bien leur histoire racontée par son frère de 15 ans.

Il a visité tous les temples d’Angkor avec ses copains, et a même fait des croquis qu’il a vendus…

Cambodia  aime sa vie et sa famille. Mais un jour elle a eu très peur…

Une touriste étrangère lui a demandé si elle voulait vendre son petit frère !

Mais quelle idée…Elle s’est mise à courir et s’est rapproché de ses frères.

Ceux-ci ont vite fait comprendre à ces « fous » que l’on ne « vendait » pas des enfants comme une soupe.

Cambodia  a serré son « bébé » plus fort et est restée accroupie près de son grand frère.

Les touristes se croient tout permis ? Ici, on ne mendie pas. On ne vend que des denrées utiles.

Puis Cambodia se met à rire de toutes ses dents blanches : On a du vouloir lui faire une blague !

Alors elle détache le « bébé », et joue avec lui par terre sur la natte.  Elle se lève et esquisse des pas de danse.

Immédiatement un groupe de touristes la prend en film et cela la fait bien rire.

Tout le monde rit…On se parle en français et en anglais !

Cette petite est si jolie que tout le marché l’adore. Elle est simple et affectueuse, pas timide.

Deviendra-t-elle  une danseuse un jour, ou plutôt tiendra-t-elle une échoppe comme ses frères ?

Laissons la rêver et croire en un destin fabuleux…

Pour l’instant elle est bien avec sa famille et tous adorent leur vie simple de tous les jours.

Ils ne font pas de grands projets et vivent au jour le jour avec une petite maison faite par le Papa.

Ils sont nombreux dans cette maison et gardent leurs grands parents auprès d’eux.

Ils ont leurs croyances et leurs traditions et n’imaginent pas d’aller ailleurs.

Quelle sagesse ! Belle petite Cambodia, je te souhaite tout le bonheur possible !

 

CHANTAL LECLERC

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